Violence domestique et alcool vont souvent de pair
Une étude réalisée sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) montre que pour près d’une femme sur deux touchée par la violence domestique, il y a une consommation problématique d’alcool dans le couple. Les services de prise en charge spécialisés, que ce soit l’aide aux victimes ou aux personnes dépendantes de l’alcool, n’ont jusqu’à maintenant que peu tenu compte de cette réalité. Des expériences de collaboration prometteuses ont été mises en place dans les cantons de Saint-Gall et Bâle-Campagne.
L’OFSP, parmi les objectifs du Programme national alcool, s’est fixé comme but de diminuer les conséquences négatives de la consommation d’alcool sur les proches et l’entourage. Il a ainsi voulu avec l’étude « Violence dans le couple et alcool » obtenir des données plus précises sur la problématique de l’apparition simultanée de la violence domestique et de l'abus d’alcool.
Les femmes victimes de violences domestiques qui cherchent le soutien d’un centre de consultation sont 48% à indiquer qu’il y a une consommation problématique d’alcool dans le couple. Dans 9 cas sur 10, c’est l’homme qui consomme.
Dans 25% des situations de violence, un des partenaires du couple a bu au moment des faits. Cette proportion augmente de façon très importante lorsqu’il y a aussi une consommation problématique dans le couple (double problématique).
Ces observations se présentent dans toutes les couches sociales et toutes les tranches d’âges. Auprès de deux tiers des couples où les femmes subissent des violences, des enfants sont aussi concernés, dont la moitié sont âgés de moins de dix ans.
L’étude analyse les données de 1500 cas récoltées dans des centres de consultation, dont deux tiers concernent des femmes. Elle se limite aux hommes avec un comportement violent et aux femmes qui en ont été les victimes, soit la constellation de violence domestique qui se présente dans 80% des cas.
Renforcer la collaboration entre partenaires
L’étude montre de manière claire qu’il est nécessaire de renforcer la collaboration d’une part entre les services destinés aux victimes de violence domestique et ceux qui prennent en charge des personnes dépendantes de l'alcool, ainsi qu’avec la police et les hôpitaux. L’OFSP veut encourager les échanges entre les partenaires et organise pour cela en juin prochain une journée nationale de travail destinée aux cantons et aux organisations et institutions actives dans ces deux domaines. Par ailleurs, des projets de prévention et de lutte contre la violence domestique devraient pouvoir recevoir un soutien financier en 2014 dans le cadre du Programme national alcool.
Pour le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes BFEG, qui avec le groupe de travail permanent sur la violence domestique coordonne au niveau national les activités dans ce domaine, l'information, le réseautage et la coordination entre tous les partenaires impliqués sont indispensables pour harmoniser les mesures entre elles et renforcer leurs effets. Le BFEG organise à cet effet chaque année en novembre un congrès national Violence domestique qui rassemble les divers services spécialisés touchés.
Des premières expériences interdisciplinaires ont lieu au niveau cantonal. Dans le canton de Saint-Gall, des tables rondes sur la violence domestique qui s'adressent également aux centres régionaux de consultation pour personnes dépendantes sont régulièrement organisées. Bâle-Campagne a lui développé un programme didactique de plusieurs semaines pour hommes violents qui thématise si nécessaire aussi la consommation problématique d'alcool.
La conférence des directeurs et directrices des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) examine aussi l’idée de lancer pour victimes et pour auteurs d'actes de violence une Ligne nationale d’aide Violence domestique. Une consultation est en cours auprès des cantons.
Semaine alcool
Du 18 au 26 mai, l’alcool est au coeur de centaines de manifestations dans toute la Suisse. En Suisse, une personne sur cinq a une consommation à risque, c’est-à-dire qu’elle boit trop, trop souvent et de manière inadaptée à la situation. Les choses se passent souvent de façon insidieuse. La semaine alcool, qui a lieu dans le cadre de la campagne « Je parle d’alcool », est de motiver la population à engager un dialogue ouvert sur un thème souvent refoulé. Stands d’information, installation avec 3000 bouteilles, exposition de bandes dessinées, rap, soirées film et discussion dans les écoles, sur la place publique et sur Facebook: toutes les informations et possibilités de participation se trouvent sous