Pas d'exception au principe de solidarité
Toute personne prise en charge médicalement suite à une consommation excessive d’alcool doit en payer les frais elle-même ; c’est ce que demande la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du conseil national (CSSS-N). Elle est entrée en matière sur un projet de modification de la Loi sur l’Assurance-maladie LAMal, préparé par sa sous-commission suite à la l’initiative parlementaire du Conseiller national Toni Bortoluzzi.
Addiction Suisse estime que le principe de solidarité et le droit à un traitement médical couvert par l’assurance-maladie sont menacés : dans cet esprit, toute personne a droit à de l’aide et à une prise en charge médicale, que ce soit à cause d’un problème de consommation excessive ponctuelle d’alcool ou d’une maladie chronique.
Exclure de cette logique les cas d’intoxications alcooliques est une atteinte flagrante à ce droit fondamental. Que va-t-il se passer si des personnes concernées ne voudront pas être prises en charge, respectivement pas être conduites par des proches à l’hôpital à cause des coûts que cela induira ?
Des dommages sanitaires, voire des décès seront à prévoir. Une prise en charge aux urgences permet par ailleurs d’identifier les personnes en situation de risque et de les faire entrer dans la chaîne de soins. Notons qu’il ne s’agit pas exclusivement de jeunes : près de 90% des personnes hospitalisées à cause d’une intoxication alcoolique sont âgées de plus de 23 ans.
Le principe de la responsabilité individuelle, cité par les partisans de cette mesure, a atteint ici ses limites. Les raisons qui conduisent à une consommation excessive d’alcool sont multiples. Elles ne sont pas à chercher uniquement chez l’individu, mais aussi dans son contexte social, où l’alcool est accessible presque tout le temps, partout et à bon marché. Addiction Suisse s’engage dès lors pour que des mesures politiques qui agissent entre autres sur les prix (augmentation des prix des boissons alcooliques bon marché) et sur l’accessibilité à l’alcool (pas d’alcool 24h/24) soient mises en œuvre.