Les bonus créent des incitatifs erronés

Les conventions de gratification liées aux objectifs et à la performance occupent une place toujours plus importante dans les contrats des médecins hospitaliers. Les bonus sont souvent définis en fonction d’objectifs quantifiés, p. ex. le nombre de cas traités ou le case-mix de la clinique. Selon une enquête mandatée cet été par la FMH, environ un cinquième des médecins-chefs et des médecins adjoints des hôpitaux de soins somatiques aigus ont reçu une gratification en 2012, représentant 20% en moyenne de leur salaire total. Or des études montrent que le système du paiement à la performance (Pay for Performance) peut avoir des effets négatifs dans un secteur aussi complexe que celui de la santé, car il incite à se concentrer sur les tâches facilement mesurables et à manipuler le système. En outre, il attire les personnes à forte motivation extrinsèque, ce qui a pour conséquence que les collaborateurs avec une motivation pro-sociale sont moins disposés à œuvrer pour le bien de la communauté.

Dans sa prise de position, la FMH rejette clairement les bonus liés aux objectifs, en s’appuyant aussi bien sur le Code de déontologie des médecins que sur des études empiriques et les recommandations de Margit Osterloh, professeur et économiste renommée, qui conseille de renoncer à toute forme de bonus dans le système de santé. Au lieu de mettre en place des bonus liés aux objectifs, il convient de privilégier des mesures non financières, p. ex. des gratifications et des distinctions symboliques ou un feed-back de soutien par un pair. Il existe en effet des preuves que les retours d’informations à eux seuls améliorent le résultat. Acceptée par le Comité central et l’Assemblée des délégués de la FMH, cette prise de position sur les bonus vise à soutenir les médecins lors de la négociation de contrats.