Burn-out, dépression: De la normalité à la psychiatrie
En Suisse, une personne sur 5 souffrira de dépression au moins une fois dans sa vie; parmi elles, 3% atteindront le stade grave de la maladie. Rien à voir avec les variations d’humeur courantes, permettant à tout un chacun d’accepter les accidents de la vie, ni avec le burnout, souvent confondu à tort avec la dépression. Dans le cadre d’une conférence organisée par la Fondation Domus, le jeudi 11 avril à Ardon, le psychiatre Alexis Burger éclairera ces mécanismes complexes, qui exigent une aide professionnelle pour s’en sortir.
De nombreuses études ont identifié la dépression comme étant la maladie psychique la plus fréquente et la plus coûteuse en Suisse. Selon une étude publiée par l’Université de Zurich début 2013, 20% de la population serait touchée au moins une fois dans sa vie et les coûts globaux – directs et indirects – de cette maladie atteindraient 10 milliards par an, dont 4,5 consacrés aux soins. Abattement, découragement, sentiments de culpabilité, troubles du sommeil ou de la concentration en sont les symptômes les plus fréquents.
«Rien à voir avec les variations de l’humeur qui aident tout un chacun à accepter les accidents de la vie et à tourner la page. La dépression est une maladie complexe aux causes multiples qu’il s’agit de traiter de manière professionnelle», explique le Dr Burger, psychiatre et psychothérapeute.
Facteurs de déclenchement multiples
«Fais un effort, réagis!» Qui n’a été tenté, dans le noble but de l’encourager, de parler ainsi à une personne de son entourage victime de dépression? Une attitude compréhensible mais fortement déconseillée par les médecins, car inutile, voire néfaste à la relation encore possible avec le malade. Car aller mieux ne saurait passer par la volonté. Une personne dépressive est malade et doit être soignée par des professionnels. D’où l’importance de pouvoir différencier une période de tristesse passagère, liée à un choc, à l’installation d’un trouble psychique durable et pathologique. Or ce diagnostic est délicat. Si on connaît les mécanismes psychologiques et neurophysiologiques qui conduisent à la dépression, on ne peut en déterminer une cause précise. «Comme pour la plupart des maladies, sauf si elles sont infectieuses, la dépression se déclenche sous l’influence de facteurs multiples. La composante génétique, l’environnement, y contribuent mais pas seulement », précise le psychiatre.
Le burn-out n’est pas une dépression
La dépression constitue un trouble grave, nécessitant une double prise en charge, médicamenteuse et psychothérapeutique. «Les médicaments sont indispensables pour améliorer le fonctionnement du cerveau, mais ils ne reprogramment rien. La psychothérapie peut le faire», précise le spécialiste. En ajoutant combien il est important pour le malade et son entourage d’accepter la pathologie des troubles et la nécessité d’une prise en charge sérieuse et professionnelle. La stimulation des proches peut aboutir à l’altération de la relation affective, installer de la méfiance. Elle aboutit à un enfermement du malade, c’est un risque qui vient s’ajouter à tous ceux, nombreux, créés par la dépression», conclut-il.
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