Le foyer est là où se trouve le cœur
Le 29 septembre, la Journée mondiale du cœur montre que les différentes habitudes de vie qui sont prises à la maison ont un effet durable sur le risque ultérieur de maladie cardiovasculaires La Journée mondiale du cœur aura lieu le jeudi 29 septembre et aura pour thème « Un monde, une maison, un cœur ».
Selon le message de la journée, 80 % des décès prématurés liés à des maladies cardiovasculaires pourraient être évités si chacun modifiait son style de vie et prenait en compte les trois principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires : tabagisme, alimentation inadaptée et inactivité physique. Le point de départ de ces changements ? Le foyer.
Cette année, la Fédération mondiale du cœur, organisatrice de la Journée mondiale du cœur, a défini la maison comme point d'ancrage des bonnes habitudes alimentaires, tant pour réduire le risque de chacun en matière de maladie cardiovasculaire que pour établir des habitudes de vie ayant un impact durable sur toute la famille. Même les habitudes adoptées par les enfants peuvent présenter des avantages pour les parents.
D'après une nouvelle étude mentionnée lors du Congrès annuel de l'ESC en août dernier, il semble que les enfants pourraient détenir la clé de la santé cardiovasculaire de leurs parents. C'est sa propre expérience en tant que mère qui a incité la chercheuse Luciana Fornari de l'Université brésilienne de Sao Paulo, à réaliser cette étude. « Les leçons que mes enfants ont apprises à l'école sur les questions environnementales et le recyclage ont changé l'attitude de notre famille », a-t-elle déclaré. « C'est grâce à leur insistance que j'utilise moins d'eau pour me brosser les dents aujourd'hui. Je me suis alors dit qu'on pourrait s'appuyer sur les enfants pour favoriser la prévention cardiovasculaire de toute la famille. »
Son étude a réparti 197 écoliers âgés de 6 à 10 ans en deux groupes : d'une part, un groupe témoin (qui incluait également 161 parents) auquel de simples documents ont été remis au début et au milieu de l'année scolaire sur la nutrition, l'activité physique et l'arrêt du tabagisme ; de l'autre, un groupe actif (qui incluait 162 parents) auquel les mêmes documents ont été remis, mais qui ont bénéficié en outre de séances hebdomadaires de prévention cardiovasculaire animées par une équipe pluridisciplinaire d'infirmières, de professeurs de sport, de kinésithérapeutes, de nutritionnistes et de psychologues. Le programme comprenait même des séances pratiques de cuisine et offrait la possibilité de participer à des randonnées familiales à vélo, ainsi qu'à des compétitions sportives.
Au début de l'étude, un nombre équivalent de parents dans chaque groupe présentait un risque supérieur à 10 % de développer une maladie cardiovasculaire au cours des 10 années à venir. Cependant, au bout d'un an, un seul parent du groupe actif, contre 13 du groupe de contrôle, présentait un risque supérieur à 10 % de développer une maladie cardiovasculaire au cours des 10 années à venir. Ces résultats représentaient une réduction du risque de 91 % dans le groupe actif, contre seulement 13 % dans le groupe de contrôle.
Tous les foyers ne peuvent bénéficier de ce programme hebdomadaire auquel ont participé les écoliers de cette étude brésilienne, mais l'ESC recommande d'appliquer quatre mesures simples qui peuvent être introduites dans chaque foyer lors de la Journée mondiale du cœur :
- Supprimer le tabagisme. La suppression du tabagisme au sein du foyer améliore non seulement votre santé cardiovasculaire, mais aussi celle de toute la famille.
- Remplir le frigo et les placards d'aliments sains. Commencer la journée par un fruit et préparer les repas à la maison afin d'utiliser des produits sains. Faire en sorte que chaque dîner comprenne au moins deux ou trois portions de légumes par personne.
- Être actif. Les familles doivent limiter leur temps passé devant la télévision à moins de deux heures par jour. Organiser des activités en extérieur pour la famille et, chaque fois que possible, marcher ou faire du vélo, au lieu de prendre la voiture.
- Connaître les bons chiffres. Faire vérifier par son médecin la tension artérielle, le taux de cholestérol et la glycémie, ainsi que l'indice de masse corporelle (IMC). Ces mesures permettent d'évaluer le risque cardiovasculaire global, à partir duquel chacun peut mettre en place, si nécessaire et avec son médecin, un plan d'action spécifique afin d'améliorer sa santé cardiovasculaire. Ce plan d'action doit ensuite être placé bien en évidence à la maison, comme un pense-bête !
Et, évidemment, quelles que soient les activités de la famille à la maison, le mieux est d'apprécier chaque moment. Une autre étude décrite lors du Congrès annuel de l'ESC a évalué l'effet du rire sur le débit sanguin artériel. Des chercheurs ont mesuré par échographie le diamètre de l'artère brachiale de 20 hommes et femmes non fumeurs en bonne santé qui ont, pendant une journée, regardé des extraits de films comiques, et qui, au cours d'une autre journée, ont regardé la terrible séquence d'ouverture de « Il faut sauver le soldat Ryan ». Les résultats ont montré que le débit sanguin était amélioré de 22 % chez les personnes regardant des films comiques, mais diminué de 35 % chez ceux qui regardaient un film stressant. « L'ampleur des effets que nous avons observés était similaire à celle des effets de l'exercice physique ou de la prise d'une statine », a déclaré le chercheur Michael Miller de l'Université du Maryland à Baltimore, États-Unis.
« Nous ne parlons pas simplement de sourire », a-t-il précisé, « mais bien d'un rire plein de joie » qui, a-t-il ajouté, doit durer au moins 15 secondes. Il a également expliqué que le rire pouvait exercer un effet bénéfique via la libération d'endorphines dans le cerveau qui activent des récepteurs situés sur l'endothélium ; à leur tour, ces récepteurs libèrent du monoxyde d'azote. « Le monoxyde d'azote dilate les vaisseaux sanguins, réduit l'inflammation, les dépôts de cholestérol et la formation de caillots », explique Michael Miller.
Et si le rire fonctionne, pourquoi pas la musique ? Du moins, un certain type de musique. Une autre étude mentionnée cette année a permis de découvrir que les musiques au tempo rapide entraînaient une augmentation de la respiration, de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, alors que les musiques plus lentes provoquaient une diminution de la fréquence cardiaque. L'investigateur Hans-Joachim Trappe, organiste et cardiologue de l'Université de Bochum à Herne (Allemagne), est ainsi convaincu que la musique classique constitue le traitement idéal des patients souffrant d'hypertension et présentant une fréquence cardiaque élevée. Il prévoit à présent de réaliser une étude prospective, « Bach ou les bêtabloquants », au cours de laquelle des patients souffrant d'hypertension seront randomisés dans un groupe ou dans l'autre avec une surveillance en continu de leur tension artérielle.
La prévention des maladies cardiovasculaires par une modification du style de vie est à présent au centre des politiques de santé publique de l'ESC. En effet, les maladies cardiovasculaires, ainsi que de nombreuses autres maladies « non contagieuses » telles que le diabète, certains cancers et maladies hépatiques, peuvent faire l'objet d'une prévention bien plus efficace (et moins coûteuse) que le traitement.
Au début du mois, les Nations Unies ont ainsi publié une déclaration sur la prévention et le contrôle des maladies cardiovasculaires et autres maladies « non contagieuses », qui a fait l'objet d'un engagement concret des chefs d'État présents. Cependant, nos efforts visant à réduire le lourd fardeau des maladies cardiovasculaires, qui causent 29 % de tous les décès dans le monde chaque année ainsi que des souffrances passées sous silence, ne peuvent s'appuyer uniquement sur les décideurs politiques et les dirigeants mondiaux. Partout dans le monde, les individus peuvent également alléger ce fardeau en connaissant mieux les facteurs de risque et en appliquant ces mesures importantes afin de réduire leur propre risque et celui de leur famille.
En tant que point de ralliement des activités familiales, et point central dans la vie de tout un chacun, le foyer est là où se trouve le cœur ; c'est pourquoi, cette année, pour la Journée mondiale du cœur, la Fédération mondiale du cœur et ses membres concentrent leurs efforts sur la maison. En adaptant quelques comportements au sein du foyer, il est possible de vivre plus longtemps et en meilleure santé dans le monde entier grâce à la prévention et au contrôle des maladies cardiovasculaires et des accidents vasculaires.