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Les multiples visages de l'addiction
Les multiples visages de l'addiction

On estime qu`environ 90% des personnes sont victimes d`une quelconque dépendance. Cette dépendance peut aller d`une simples habitude à des dépendances impliquant un potentiel de destruction physique et mentale. La dépendance peut porter sur des substances (médicaments, drogues, etc.) ou non (travail, internet, etc.).

L` OMS définit l`addiction comme "un état de dépendance périodique ou chronique à des substances ou à des comportements". La dépendance se caractérise par la survenue de symptômes de sevrage en cas d`absence de la substance ou activité addictive, ainsi que par le développement d`une tolérance impliquant une augmentation de la dose nécessaire - quels que soient les signes de destruction physique ou psychique.

Dépendances non liées à une substance fréquentes:

Des éléments ne contenant aucune substance addictive peuvent, eux-aussi, donner lieu à un état d`enivrement. Cet état, engendré par une distribution accrue d`endorphine («hormone du bonheur»), peut entraîner une dépendance à partir du plaisir initialement ressenti. Pour ce type de dépendance, la situation de vie et la personnalité de chacun joue également un rôle.

Quelques exemples:

  • Troubles alimentaires: anorexie, boulimie et binge eating.
  • Co-dépendance (le désir de toujours vouloir aider autrui, compulsion à aider)
  • Travail (Workaholic, dépendant du travail)
  • Sport (les coureurs de marathon sont particulièrement exposés)
  • Médias: internet, chat, téléphone mobile, SMS, jeux vidéo, etc.
  • Télévision (dépendance aux séries, feuilletons, etc.)
  • Dépendance sexuelle, dépendance affective, dépendance relationnelle (soumission, idolation, etc.)
  • Jeu
  • Situations extrêmes (bungee-jumping, escalade libre, conduite à vitesse élevée)
  • Vol (kleptomanie)
  • Nettoyage etc.

Exemple de dépendances à une substance

Le terme drogue désigne les substances conduisant à une dépendance. Parmi ces substances, on compte notamment la nicotine, les médicaments addictifs, les stupéfiants ainsi que l`alcool. Leur point commun est qu`elles altèrent la conscience ou la manière de percevoir les choses et peuvent déclencher des sensations que le sujet trouve agréable.

Effet excitant

  • Drogues légales comme l`alcool en quantité modérée, la caféine, la nicotine  (voir chapitres dépendance à l`alcool et dépendance à la nicotine)
  • Stimulants comme les amphétamines, speed
  • Ecstasie (drogue de synthèse)
  • Cocaïne
  • Substances à inhaler
  • Gaz hilarant

Effet tranquillisant:

  • Médicaments tranquillisants, notamment les benzodiazépines
  • Somnifères comme les barbituriques
  • Antalgiques
  • Alcool en grande quantité
  • Opiacés comme la morphine ou l`héroïne 
     

Effet hallucinogène

  • Cannabis (marijuana)
  • LSD (abréviation de acide lysergique diéthylamide)
  • Cactus Peyote, qui contient de la mescaline
  • Champignons magiques

Polytoxicomanie

Le terme polytoxicomanie désigne une dépendance multiple. De nombreuses personnes dépendantes à une substance le sont également à d`autres en parallèle, ce qui complique considérablement le traitement.

Les causes de survenue d`une dépendance sont multiples. La survenue d`une addiction dépend de la disponibilité de la drogue, de son action, du potentiel de dépendance ou encore de facteurs sociaux. Néanmoins, la cause des dépendances n'est souvent pas très claire. Il est probable que beaucoup de facteurs différents provoquent ou déclenchent une dépendance.

Facteurs de risque individuels fréquents:

  • Manque d`assurance ou l`inverse: trop grande estime de soi
  • Influençabilité (effet de groupe, particulièrement durant l`adolescence, exemple des parents et des personnes de confiance)
  • Ennui
  • Incapacité à aborder les problèmes, incapacité à gérer les conflits
  • Souhait d`augmenter ses performances (au travail, dans un sport)
  • Troubles relationnels
  • Maladies (psychiques, physiques)
  • Perturbation des relations familiales
Addiction aux médicaments
Addiction aux médicaments

La dépendance ne se développe pas d`un jour à l`autre. Souvent, des années sont nécessaires pour que le sujet abuse d`une substance par simple habitude ou, plus tard, qu`il développe une dépendance. En revanche, pour certaines substances, le développement de la dépendance est très rapide.

Exemple de l`alcool et de l`héroïne: beaucoup de gens parviennent à consommer de l`alcool avec modération sans devenir dépendants.
Au contraire, d`autres substances entraînent très rapidement une dépendance psychique et/ou physique: c`est le cas pour l`héroïne pour laquelle quelques jours suffisent ou encore le crack (mélange de cocaïne) qui ne nécessite parfois qu`une seule prise.

Stades de développement d`une dépendance

  • Phase d`essai: durant cette phase, le sujet veut essayer et expérimenter quelque chose de nouveau. Toutes les substances ne rendent pas immédiatement dépendant mais pour certaines, une seule consommation suffit (héroïne, crack)
  • Phase d`abus: consommation excessive, le plus souvent de substances psychotropes ou d`alcool. Durant cette phase, des détériorations physiques et psycho-sociales peuvent déjà survenir, mais celles-ci sont ignorées par le sujet.
  • Phase d`accoutumance: le psychisme et l`organisme se sont adaptés à la substance nocive (développement d`une tolérance). Par conséquent, la dose doit fréquemment être augmentée pour obtenir l`effet désiré.
  • Dépendance psychique, physique: une fois arrivé à cette phase, il est pratiquement impossible de renoncer et toute la vie du sujet est dictée par sa dépendance. Les amis, la famille et l`emploi du sujet passent au second plan. Les tentatives de la personne de s`en sortir par elle-même échouent. Il n`est pas rare que les sujets connaissent leurs premiers démêlés avec la justice lorsqu`ils ont atteints ce stade (criminalité d`approvisionnement, prostitution, détournement d`argent, etc.)

Signes physiques de sevrage en cas de dépendance à une substance addictive avec formation d'une tolérance

Les symptômes sont plus ou moins prononcés en fonction de la substance:

  • Transpiration
  • Tremblements, grelottements
  • Crampes musculaires
  • Palpitations cardiaques
  • Céphalées
  • Sensation d'avoir froid
  • Vertige
  • Pupilles dilatées
  • Troubles gastro-intestinaux
  • Douleurs
  • Agitation, troubles du sommeil
  • Fatigue
  • Crises épileptiques, brèves pertes de mémoire (blackout)
  • Faiblesse; parfois, altérations cutanées ou symptômes neurologiques en raison d'une alimentation insuffisante
  • Epuisement

Signes psychiques de sevrage

  • Hallucinations, idées délirantes
  • Troubles du comportement
  • Troubles de la perception
  • Troubles psychosomatiques (névrose, angoisse)
  • Troubles affectifs (troubles maniaco-dépressifs)
  • Troubles de la mémoire
  • Troubles de la concentration et de la performance
  • Démence

Si de tels symptômes apparaissent, il convient de noter que les substances addictives sont souvent consommées pour rendre les symptômes d'une maladie psychique supportables.

Signes de sevrage d'une dépendance non liée à une substance addictive

Pour ce type de dépendance, les difficultés psycho-sociales prédominent par rapport aux signes physiques, qui peuvent toutefois aussi être présents.

Les signes suivants peuvent laisser penser à une dépendance:

  • Désir fréquent et insurmontable, par ex. de se connecter à internet, d'aller au casino, de jouer, de chatter, de regarder la télévision; il en résulte un isolement et une forte restriction des autres centres d'intérêt
  • Pertes de contrôle avec sentiments de culpabilité croissants
  • Singularité qui dérange au sein du cercle des personnes proches (amis, partenaire, famille) et négligence
  • Diminution de la capacité de travail
  • Dissimulation / dédramatisation des habitudes
  • Endettement et donc, passage dans l'illégalité
  • Perte de la notion du temps
  • Le degré de satisfaction disparaît toujours de plus en plus rapidement (sorte de développement d'une tolérance)
  • Troubles psychiques en cas de sevrage: nervosité, irritabilité, dépression, troubles du sommeil, agressivité, pensées suicidaires
  • Tentatives infructueuses répétées de se restreindre
  • Anamnèse détaillée avec prise en compte des symptômes décrits par le patient. Consultations médicales fréquentes en raison des symptômes vagues et confus, demandes répétées d'ordonnance pour des sirops antitussifs, des antalgiques ou des tranquillisants. Des accidents fréquents peuvent aussi être le signe d'une dépendance désavouée.
  • Anamnèse de la dépendance: durée et indications sur les doses consommées, mode de consommation, association de plusieurs substances addictives, circonstances sociales, action espérée des substances, tentatives de traitement personnelles ou médicales.
  • Anamnèse sociale: famille, environnement social, travail, loisirs, finances, situation par rapport à la justice
  • Diagnostic de maladies physiques en tant que co-responsables, maladies concomitantes ou conséquences de la dépendance.
  • Analyses de laboratoire: présence de drogue dans l'organisme, analyses urinaires et sanguines (fonction rénale et hépatique, paramètre inflammatoire, éventuellement hépatite, tuberculose)
  • Evaluation psychiatrique
Groupe d’entraide pour prévenir les rechutes
Groupe d’entraide pour prévenir les rechutes

Le chemin pour se sortir d'une dépendance est long et sa durée sera proportionnelle à la durée de la dépendance. Le traitement ne pourra réussir que si le sujet est conscient et comprend qu'il est dépendant. Il doit réellement vouloir s'en sortir et devenir abstinent.

Le mode de traitement dépendra de l'état psychiatrique, psychique et physique du sujet.

Le traitement de sevrage comporte plusieurs phases:

  • Phase de motivation: elle vise à faire prendre conscience de son problème et de l'urgence d'une abstinence à la personne.
  • Phase de désintoxication: pour les dépendances à une substance, la désintoxication doit généralement se faire dans le cadre d'une hospitalisation. Elle s'accompagne d'une prise en charge psychique et physique importantes.
  • Phase de sevrage: généralement, cette phase est également assortie d'une hospitalisation. Parfois, elle peut s'effectuer en ambulatoire suivi. Elle comporte: psychothérapie, thérapie familiale, thérapie comportementale, exercices de relaxation, etc. Sa durée varie entre 6 semaines et 6 mois.
  • Phase de suivi et réinsertion: cette phase se concentre essentiellement sur la prévention des rechutes. A cet effet, des groupes de soutien, le médecin de traitant, les thérapies résidentielles ou le suivi ambulatoire peuvent intervenir.

Ce chapitre n'aborde pas les traitements d'urgence en cas de consommation excessive de drogues. Voir le chapitre Intoxications.

Une minorité de personnes parviennent à se tirer d'une dépendance à des drogues ou médicaments par elles-mêmes. Le taux d'abstinence après un traitement de sevrage est d'environ 20-40% pour les personnes dépendantes aux drogues. Toutefois, le taux de rechute est aussi relativement élevé.

Le comportement de dépendance doit être remplacé par un comportement et un mode de vie sains. Souvent, une ancienne dépendance est remplacée par une nouvelle. Ce cas de figure est acceptable si la nouvelle dépendance est moins néfaste pour le sujet et son entourage que l'ancienne dépendance.

Dr méd. Fritz Grossenbacher

Fritz Grossenbacher a étudié la médecine à Berne. Il est titulaire d’un Master of Medical Education de l’Université de Berne et de Chicago ainsi que d'un certificat en Teaching Evidence based Medicine du UK Cochrane Center d’Oxford.

Doris Zumbühl

Doris Zumbühl est assistante médicale diplômée. Elle a obtenu plusieurs formations postgraduées dans les domaines du journalisme, de l’informatique et du traitement d'images.
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